≡ let's stroll in the woods.

Un, deux, trois nous irons aux bois. Quatre, cinq, six cueillir des cerises … Cette comptine est propre à ton enfance, propre à la jovialité qui règne dans la maison où autrefois ton père avait grandit. Tu connais chacun de ses recoins : les meilleurs cachettes lorsque ton frère aîné participe à une partie de cache-cache, les bocaux de confitures à la framboises que ta mère dissimile dans son range-tout dissimuler sous un tapis quelque peu décrépi, l'ouverture de la trappe donnant sur le jardin, et bien d'autres encore. Couchée sur le ventre sur ton lit, le menton posé au creux de l'une de tes paumes, tu tournes la page de ton livre que tu as lu pour la énième déjà. Une histoire pas comme les autres, une intrigue qui pousse à l'aventure et à la découverte de la vie sauvage de l'être qui était l'un des meilleurs amis de l'homme. Tes parents se refusaient à avoir un chien, leurs absences respectives et répétitives n'étant guère propice à élever et dresser un jeune chiot. Une demande que tu avais mis de coté. En relisant ce bouquin, tu laissais voguer  ton esprit au travers du héros à quatre pattes. Une perspective attrayante et passionnante pour la petite fille de huit années que tu étais. Alors que tes yeux parcourent les lignes de ton ouvrage, la voix catégorique et colérique de ton frère fait écho dans le couloir. Tu redresses la tête, les escaliers en bois donnant sur les chambres à l'étage grinçant sous les pas lourds d'Arden. Reconnaître le rythme de marche de ce dernier était un jeu d'enfant pour toi et ce d'une manière relativement surprenante. Il n'est guère habituel que ton frère hausse le ton, surtout vis à vis de votre grand-mère en qui vous aviez énormément de respect, pour autant tu savais qu'il y avait bien une raison clairvoyante et relative pour qu'il réagisse de cette manière. « Nous sommes sa famille Arden, quoi qu'il arrive nous serons là pour l'épauler et la soutenir mais je me dois de lui dire. Pourquoi lui mentir ? ». L'intonation douce et bienveillante de ta grand-mère démontre combien elle exprime énormément d'inquiétude et de sollicitude envers vous. Elle était l'unique personne en qui la confiance de vos parents étaient totales. Elle savait toujours quoi dire pour vous remontez le moral, vous donner un conseil, réparer les dégâts des aléas du quotidien. Désormais debout, le corps à moitié caché derrière l'encadrement de la porte, tu les observes en catimini. La tignasse blonde d'Arden est en désordre,  - un attrait qu'il a hérité de votre père alors que tu possèdes la chevelure de jais de ta figure maternelle – sa main passant frénétiquement dans ses cheveux. Preuve évidente que l'angoisse a su avoir raison de cet adolescent qui d'ordinaire se veut aussi calme le courant d'un ruisseau. Il serre ses deux poings fermement, avant de jurer tout bas. « Parce que, parce que c'est ma sœur et qu'elle est encore jeune. C'est désormais mon rôle de veilleur à ce qu'elle aille bien, de prendre soin d'elle et de la protéger ! ». Ses propos étaient teintés de vérités, résumés de détermination et censés de la réalité. Son comportement commençait sérieusement à interpeller à ta curiosité, un trait de comportement qui bien des fois te causent des ennuis. Seulement, tu sais instinctivement que cette fois si, l'issue de la situation sera bien différence de   toutes les autres fois. Qu'est-ce qui peut bien être la source de leur discorde ? Les pousser à se faire front l'un contre l'autre alors qu'ils s'entendent si bien de coutume ? Aurais-tu fais une bêtise et créer des ennuis ?   Tu fronces les sourcils, cherchant dans ta tête une réponse mais tu ne trouves rien. «  Elle est bien plus forte que tu ne le penses, elle comprendra mon grand ... ». Une phrase que ta grand-mère ne finit pas car tu décides de façon tout à fait spontanée d'intervenir. « Comprendre quoi ? ». Une interrogation simple et brute de vérité comme de curiosité. Arden glisse un regard protecteur et déchirant en ta direction. Un regard bleuté fraternel qui décline l'étendue de la complicité qui vous unis. Cependant tu peux y lire la détresse, la peine et la colère. Ton frère soupire avant de venir te prendre dans ses bras, une éteinte qui t'empêche presque de respirer. Une fraction de quelques minutes avant qu'il ne disparaisse derrière la porte de sa chambre. Un claquement sourd qui te fait quelque peu sursauter. Une impression de déjà vu, une image passée imprimer dans ta mémoire. Arden avait eu exactement la même réaction lorsque votre père lui avait expliquer la motivation de son départ. Le travail toujours le travail ruminait-il. Un acharné, un passionné de son métier. Et alors ? Alors tu comprends – telle une révélation silencieuse mais véridique – que vos parents ne reviendront pas vous chercher pour Noël. Une promesse rompue, en laquelle tu ne devais plus croire mais juste rompre. Ta grand-mère hoche la tête doucement comme pour répondre à son interrogation passé sous silence. « Tout va bien se passer ma mignonnette, je ne vous abandonnerais pas, jamais. ». Dit-elle en te serrant à son tour contre elle. Une autre promesse s'offrait à toi entre tristesse et détresse et le choc de la nouvelle te fige dans une immobilité où l'espace temps prend le dessus sur le mouvement. Un, deux, trois à toi d'y croire à nouveau.  

-----------

Ton cœur bat. Il bat à se rompre à l'intérieur de ta poitrine. Des élans d'adrénaline où le mouvement rythmique fin d'être une horrible note de musique, tels des ongles qui crissent sur un tableau noir. Les nuages brumeux voiles les quelques rayons de lune, seules sources de lumière qui s'infiltrent parmi la grande baie vitrée du salon qui dégage d'ordinaire une ambiance cosy et chaleureuse. Ce dernier est plongé dans l'obscurité alors que les rideaux ondulent avec une certaine véhémence, laissant la morsure d'un vent d'automne refroidir la pièce. A genoux, tu soutiens la tête de ta grand-mère qui inconsciente ne bouge plus, pourtant à tâtons de ta main gauche tu cherches son pouls au niveau de sa gorge tandis que de l'autre, tu t'actives à attendre que la sonnerie du standard de la  police de la ville prenne ton appel. Les secondes défilent et le temps semble s'égrainer. L'anxiété prend de plus en plus de terrain sur ta raison, celle qui te pousse à garder ton sang froid. La conscience en ébullition, tu ne peux t'empêcher de comprendre comment cela à pu arriver tout en songeant à la santé de ta grand-mère, la seule parente encore en vie – hormis ton frère – qui comptait énormément pour toi. La sonnerie retentit encore, tes prunelles toujours figées sur le visage blême de  celle qui t'avait élevée. « Allez, décrochez bon sang ! ». Jures-tu entre tes deux avec colère et angoisse à la fois. Les débris de verres éparpillés sur le planché en bois scintillent dans la nuit. Il y en a partout dans la pièce, certaines brisures siègent encore dans la main de la main de ta grand-mère. Ses blessures ne sont pas alarmantes mais c'est son état qui te préoccupe. Un sujet qui permet à ton esprit de repousser les limites qui pourrait se fêler si jamais tu laisser l'angoisse prendre le dessus sur ta raison. Ton intérêt est tout porté sur la personne dont la tête repose sur tes genoux, deux doigts reposant toujours sur le cou où tu peux entendre le pouls bien que faible de ta figure parentale. Tu perds alors toute notion de prudence, laissant le feu de l'action, du hasard prendre le dessus sur le déroulement des minutes qui d'une manière irrévocable changeront celle que tu es. Les morceaux de verres s'écrasent sous le poids de pas que tu peux juger comme déterminés et ambitieux. L'inconnu est conscient de chacun de ses gestes, de ses mots, de ses actions. Seulement, tu t'es rendu compte de sa présence trop tard. Sa main vient brusquement enserrer ta taille, son autre main s'armant d'une arme blanche qu'il vient placer sous ton cou. Des sueurs froides glissent le long de ton dos, te tétanisant malgré l'impulsivité qui ne demande qu'à s'exprimer. Tu le sais n'est-ce pas, que la peur est une traîtresse qui s'infiltre et coule dans tes veines ? Tu te débats légèrement, mais sa prise sur toi est ferme presque sibylline. La morsure de la lame vient frôler ta gorge avant de faire légèrement plus de pression le long de ta joue gauche y laisse alors une fine entaille. Un filet de sang coule alors. « Voilà donc en chair et en os la personne si précieuse à ce cher chasseur. ». Une intonation aussi sarcastique que glacial. Ton agresseur avait prémédité tout cela. Tu ne pouvais pas entrevoir son visage quand au son de sa voix, tu pouvais identifier sans le moindre doute l'opacité de son timbre rauque. Un parfait fumeur dont l'odeur de tabac froid est si prononcée qu'elle commence à embaumer la pièce. « Que ferait-il si je venais à te faire du mal ? Bien entendu, il réclamerait vengeance. Le petit chaperon rouge a manqué de prudence. ». Poursuit-il telle une conversation qu'il entretient avec lui-même. La voix de la plate forme de la police retentit, ton portable gisant sur le sol. L'homme s'en saisit mettant fin à la communication. Son rire fait écho tel un loup enragé dans ta tête. Il se poursuit alors que le noir reprend ses droits.

« Aria. Aria ! Réveille-toi ! ». Le réveil est abrupte, mais tu sursautes tellement que tu en as fait tombé deux de tes dossiers. Les lunettes de travers et quelques mèches folles qui s'échappent de ta tresse, tu passes une main sur ton visage comme pour émettre une certaine distance entre ton cauchemar et la réalité du moment présent. Même après le décès de ta grand-mère quelques mois plus tôt, ses rêves se poursuivent encore et encore. Tu avais pensée que les cours d'auto-défense prendrait le dessus mais le moins du monde, c'était même pire. « Ariane, tout va bien ? ». La voix coutumière et soucieuse de ton camarade te rassure intérieurement, laissant de coté le stress qui reprendra son rôle d'ici quelques heures. Rhett pose la main sur ton épaule tout en cherchant ton regard. L'expression de son visage exprime un message clair et limpide : il ne te laissera pas tomber.